2ème Dimanche d’Avent

« Voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits les sentiers de notre Dieu. » Cette parole montre clairement que les évènements prophétisés ne se produiront pas à Jérusalem mais au désert; c’est là que la gloire du Seigneur apparaîtra et que toute chair aura connaissance du salut de Dieu. Et c’est ce qui s’est accompli réellement et littéralement lorsque Jean-Baptiste proclama dans le désert du Jourdain que le salut de Dieu se manifesterait, car c’est là que le salut de Dieu est apparu. En effet, le Christ avec sa gloire s’est fait connaitre à tous: lorsqu’il eut été baptisé, le Saint-Esprit descendit sur lui sous la forme d’une colombe et y demeura; et la voix du Père lui rendit témoignage : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ». Le prophète parlait ainsi parce que Dieu devait résider dans le désert, qui est inaccessible au monde. Toutes les nations païennes étaient désertées par la connaissance de Dieu et toutes étaient inaccessibles aux justes et aux prophètes de Dieu. C’est pour cela que cette voix ordonne de préparer le chemin au Verbe de Dieu et de rendre unie la route inaccessible et raboteuse afin que notre Dieu, en venant résider chez nous, puisse y avancer. « Préparez le chemin du Seigneur »: c’est la prédication évangélique et la nouvelle consolation qui souhaite que le salut de Dieu vienne à la connaissance de tous les hommes .

Commentaire d’Eusèbe de Césarée

1er dimanche d’Avent

Voilà pour nous un évangile bien tonique pour commencer l’Avent et cette nouvelle année liturgique. « Redressez-vous, relevez la tête car votre rédemption approche. » Cet appel du Seigneur est d’autant plus fort et provocateur que l’ambiance décrite n’y invite guère : terre, ciel et mer s’agitent, les nations s’affolent et les humains meurent de peur… Mais voici le Fils de l’homme qui paraît dans sa gloire ! « Redressez-vous et relevez la tête. » Le Seigneur nous invite au courage en ce début d’avent. De même qu’il a redressé la femme courbée dans une synagogue, il vient nous redresser et nous relever la tête.

La station debout est la posture normale de tout baptisé qui participe de la résurrection du Seigneur. Les derniers mots de Jésus avant son entrée à Jérusalem (quelques versets plus loin) sont une invitation à « vous tenir debout devant le Fils de l’homme. » Si notre réaction humaine est de céder à la peur et de nous recroqueviller, Jésus nous demande au contraire de nous redresser et de nous tenir debout face à la réalité, le visage exposé à ce que nous voyons. Une seule personne sera vraiment à la hauteur de cet appel : la Vierge Marie debout au pied de la croix. Certes d’autres l’entouraient mais la mère était là qui portait la foi de l’Eglise quand tous vacillaient de peur. Marie a choisi la foi au lieu de la peur et de la fuite. Elle a ainsi reçu la force de se tenir debout devant le Fils de l’homme. Cette attitude de Marie est pour nous un exemple.

Dans le Chemin de perfection, sainte Thérèse de Jésus compare les contemplatifs à des porte-drapeaux qui dans le combat semblent avoir un rôle très humble : tenir debout pour porter l’insigne de ralliement. « Les contemplatifs doivent porter haut l’étendard de l’humilité, et demeurer exposés à tous les coups, sans en rendre aucun : leur office est de souffrir comme Jésus-Christ a souffert, et de tenir toujours la croix élevée, sans l’abandonner, quelques dangers qu’ils courent, sans montrer de la faiblesse, quelques peines qu’ils aient à souffrir. » (Ch. 18) L’enjeu est grand car s’ils cèdent à la peur, l’étendard disparaît de la vue de l’armée et c’est tout l’espoir qui abandonne ceux qui sont au front ! Ce qui est vrai des contemplatifs peut être élargi aux baptisés. Ainsi il importe pour chaque disciple de prendre sa part de responsabilité dans l’Eglise synodale discernée par le Pape. C’est le chemin pour que la Résurrection du Christ atteigne toute personne et que la victoire soit complète. « Redressez-vous, relevez la tête car votre rédemption approche. »

« Restez éveillés et priez en tout temps. » Voilà, nous dit Jésus, ce qui nous donnera la force de nous tenir debout devant Lui. Nous avons besoin de veiller et de prier, c’est-à-dire de prêter attention à ce que nous vivons et à rester toujours reliés à Celui qui a déjà vaincu la mort et l’injustice. Sans la prière, nous ne pourrons pas tenir debout. Mais avec elle tout est possible. Encore que nous précise la Madre dans le Chemin de perfection, cela ne suffit pas tout à fait. La prière n’est pas magique ; elle s’accompagne, pour être vraie, d’un travail sur soi pour changer nos dispositions. Il nous faut adopter les vertus évangéliques qui correspondent à notre désir de tenir debout.

Thérèse en développe trois : l’amour fraternel qui fait écho à la recommandation de saint Paul aux Thessaloniciens (« que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous. ») ; le détachement qui pourrait nous inviter à nous débarrasser de nos attachements à notre image personnelle ou collective, mais aussi à rejeter la complaisance que nous avons à nous plaindre des malheurs du temps, de l’Eglise, de nos dirigeants politiques, etc. ; enfin la vertu d’humilité qui nous demande de reconnaître que nous ne sommes pas meilleurs ou plus purs que les autres et que nous avons d’abord à veiller sur nous-même avant de juger notre prochain. Le pape nous interpelle régulièrement sur le péché de médisance qui est un poison pour nos communautés chrétiennes. Nous sommes responsables de notre parole.

En choisissant en cette nouvelle année de nous redresser, de nous reprendre en mains par la prière et la conversion personnelle, nous inaugurons avec le Seigneur un temps nouveau, celui de l’espérance. Nous permettons au Seigneur de réaliser la « promesse de bonheur » annoncée au prophète Jérémie, celle du règne de la justice et de la sécurité. Avançons-nous donc dans une attitude de confiance et d’audace, avec cette simplicité et cette franchise (parrhesia) typiques des premiers chrétiens. Puisque Marie est notre modèle et qu’elle est cette étoile dans la nuit, cheminons avec elle en Eglise pendant l’Avent pour accueillir avec elle, dans la joie, celui qui vient pour tout sauver. Oui, « fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut. » Amen

-Homélie du Fr Jean-Alexandre, ocd (2021)

4ème Dimanche d’Avent

« La bonté divine, frères très chers, nous invite, pour le salut de nos âmes, aux joies de la béatitude éternelle, comme vous l’avez entendu dans la lecture qui nous occupe, où l’Apôtre disait : Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur. Les joies du monde tendent à la tristesse ; mais les joies conformes à la volonté de Dieu attirent aux biens durables et éternels ceux qui y persévèrent. C’est pourquoi l’Apôtre ajoute : Je le répète, réjouissez-vous. »

[…] Que votre sérénité soit connue de tous les hommes : c’est-à-dire que votre conduite sainte ne doit pas seulement apparaître devant Dieu, mais aussi devant les hommes, pour donner un exemple de sérénité et de réserve devant tous ceux qui demeurent avec vous sur la terre, ou encore pour laisser un bon souvenir devant Dieu et les hommes.

Le Seigneur est proche : ne soyez inquiets de rien : le Seigneur est toujours proche de ceux qui l’invoquent avec sincérité, avec une foi droite, une espérance ferme, une parfaite charité : car il sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez : Il est toujours près à secourir, dans n’importe lequel de leurs besoins, ceux qui le servent fidèlement. Aussi, lorsque nous voyons que le malheur est imminent, nous n’avons pas à nous faire de grand souci, puisque nous devons savoir que Dieu est pour nous un défenseur tout proche, selon cette parole : Le Seigneur est proche de ceux dont le cœur est angoissé, et il sauvera ceux dont l’esprit est abattu. Les angoisses sont nombreuses pour les justes mais de toutes le Seigneur les délivrera [Ps 34]. Si nous nous efforçons d’accomplir et de garder ce qu’il prescrit, il ne tardera pas à s’acquitter de ses promesses.

Mais, en toute circonstance, dans l’action de grâce priez et suppliez pour faire connaître à Dieu vos demandes : nous ne devons pas, si nous sommes accablés d’épreuves, les supporter avec récriminations et tristesse, loin de là, mais avec patience et bonne humeur, en rendant grâce à Dieu en tout temps et à propos de tout. »

Homélie ancienne sur Philippiens 4,4

3ème Dimanche d’Avent

L’homme est racheté par l’amour. Cela vaut déjà dans le domaine purement humain. Lorsque quelqu’un, dans sa vie, fait l’expérience d’un grand amour, il s’agit d’un moment de « rédemption » qui donne un sens nouveau à sa vie. Mais, très rapidement, il se rendra compte que l’amour qui lui a été donné ne résout pas, par lui seul, le problème de sa vie. Il s’agit d’un amour qui demeure fragile. Il peut être détruit par la mort. L’être humain a besoin de l’amour inconditionnel. Il a besoin de la certitude qui lui fait dire: « Ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ » (Rm 8, 38-39). Si cet amour absolu existe, avec une certitude absolue, alors – et seulement alors – l’homme est « racheté », quel que soit ce qui lui arrive dans un cas particulier. C’est ce que l’on entend lorsqu’on dit: Jésus Christ nous a « rachetés ». Par lui nous sommes devenus certains de Dieu – d’un Dieu qui ne constitue pas une lointaine « cause première » du monde – parce que son Fils unique s’est fait homme et de lui chacun peut dire: « Ma vie aujourd’hui dans la condition humaine, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré pour moi » (Ga 2, 20).

n° 26 Spe salvi- Benoit XVI