Exposition du centenaire

A la rencontre de Thérèse

C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour

Quatre visages de Thérèse…

Un même sourire
qui nous accueille,
un même regard limpide,
qui ne se détachera jamais de vous…

Premier visage : Thérèse enfant,
aux Buissonnets. Elle a 8 ans et commence sa scolarité à l’Abbaye.

Deuxième visage : Thérèse « au chignon ». Elle s’est vieillie pour aller demander
à l’Evêque l’autorisation d’entrer au Carmel à 14 ans.
Elle entrera le 9 avril 1888 (à 15 ans).

Troisième visage : Thérèse novice.
Elle a pris l’Habit le 10 janvier 1888.
A cette époque commence pour son père une longue et humiliante maladie, qui éprouvera toute la famille.

Quatrième visage : Thérèse, dans la plénitude de sa vocation, n’est pas encore entrée dans la « Nuit de la Foi » (qui ne la quittera plus jusqu’à sa mort).

Visage de Thérèse – reflet du Visage de Jésus…


Quatre membres de la famille saints ou en voie de canonisation !
 Zélie et Louis, les parents, canonisés en 2018. Ils avaient tous les deux pensé à une vocation religieuse et donneront à leurs enfants le goût d’une grande intimité avec Dieu.

 

Ils auront 9 enfants, dont 4 mourront en bas-âge. Thérèse les invoquera comme ses « Petits Frères du Ciel » (PN 44). Les enfants vont par « paires » :
          Marie et Pauline, les aînées (deviendront carmélites)
          Léonie et Hélène (meurt à 6 ans ½)
Léonie, la seule qui n’entrera pas au Carmel, mais à la Visitation (après plusieurs essais), est en voie de canonisation. Figure d’enfant en difficulté, elle a vécu avec intensité la Petite Voie de Thérèse.
          Céline et Thérèse. Céline rejoindra en dernier ses sœurs au Carmel et deviendra la « novice » de sa petite sœur.

A 4 ans ½, les épreuves commencent avec le décès de sa maman. Louis et ses 5 filles déménagent alors aux « Les Buissonnets », pour se rapprocher du reste de la famille qui vit à Lisieux.

Thérèse choisit Pauline comme « deuxième maman ». Mais, alors qu’elle a 9 ans, elle apprend par surprise que celle-ci se prépare à entrer au Carmel. Le choc de cette deuxième séparation déclenche une maladie étrange qui inquiète tout la famille.

Récit de Thérèse : Manuscrit A 27v° -30v°
Audio : extrait du DVD « Une course de géant »

Entourée de ses sœurs en prière, Thérèse est miraculeusement guérie de son mal le jour de la Pentecôte 1883, par le « ravissant sourire de la Vierge Marie », décrit dans le Manuscrit A (28v° – 30r°). Mais cette guérison sera suivie d’une longue crise de scrupules, Thérèse croyant qu’elle avait fait semblant d’être malade.  Sa sœur Marie devient son principal appui … mais elle aussi entra au Carmel.

A 13 ans, elle reçoit la grâce de sa « parfaite conversion », au retour de la messe de Noël : « Je sentis en un mot la charité entrer dans mon cœur, le besoin de m’oublier pour faire plaisir et depuis lors je fus heureuse ! » » (Ms A 44 – 45).

Récit de Thérèse : Manuscrit A 44v° -45v°
Audio : Lus par Michael Lonsdale et Elsa Saladin (extraits du documentaire Thérèse de Lisieux, Une course de Géant).

L’appel à entrer au Carmel, à y prier pour le salut des âmes, se fait alors plus pressant… au point que Thérèse fait tout son possible, allant même demander l’autorisation du Pape, pour entrer au Carmel à 15 ans (ce voyage jusqu’à Rome avivera aussi son désir de prier pour les prêtres).

Extrait de la pièce de théâtre Histoire d’une Ame, écrite et mise en scène par Michel Pascal et interprétée par Eva Hernandez.
Musique : Erik Satie -Gymnopédie 1

Je sentis que le Carmel était le désert où le Bon Dieu voulait que j’aille
me cacher… Je le sentis avec tant de force qu’il n’y eut pas le moindre doute dans mon coeur : ce n’était pas un rêve d’enfant qui se laisse entraîner,
mais la certitude d’un appel Divin.

Thérèse, dans la monotonie de la vie claustrale, veillait à entretenir dans la communauté une atmosphère de joie. Ses sœurs témoigneront de sa « conversation si agréable, si spirituelle ». En récréation surtout elle voulait semer la bonne humeur, « elle cherchait de préférence la compagnie des sœurs maussades pour les détendre et les épanouir » (citations de Mère Agnès). Elle composera une cinquantaine de poésies et huit « récréations pieuses » (petites pièces de théâtre jouées au Carmel aux jours de fête) pour ses Sœurs. Sa gaieté, expression de son amour délicat envers Dieu, était l’une des manifestations de sa charité fraternelle. Mais à travers les sourires de Thérèse, c’est une attitude de foi et un combat mystique qui se jouent et s’expriment. Sa joie est de « lutter sans cesse » pour le salut des âmes. La vie en Communauté n’est pas exempte de luttes et de « piqûres d’épingle » … Mais pour Thérèse, chaque difficulté devient occasion de « jeter des fleurs » à Jésus, de consentir à tout ce qui, au quotidien, l’appelle à grandir dans l’amour et dans la confiance… A tel point qu’à la fin de sa vie, alors qu’elle est plongée dans la Nuit de la Foi, et épuisée par la maladie, Thérèse sera capable d’écrire : « Seigneur vous me comblez de joie par tout ce que vous faites » (Ms C 7 r°) et, dans un de ses derniers poèmes : « Que me font la mort ou la vie ? Jésus, ma joie, c’est de t’aimer ! » (PN 45).

Texte : Poésie 5 Mon chant d’aujourd’hui · Michaël Lonsdale

Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face
Son nom de carmélite l’indique : tout son être est saisi par une véritable passion pour Jésus, depuis la Crèche jusqu’à la Croix…

  • Charmée par l’Enfant Jésus, Thérèse désirera très tôt être tout abandonnée à Lui, à ses désirs, aussi docile qu’un jouet, qu’une « petite balle » entre les mains d’un enfant… (cf. Ms A 64 : « Je m’étais offerte à l’Enfant Jésus pour être son petit jouet… »).
  • Plus tard, au temps de la dure maladie qui affectera son père, Thérèse puisera sa force dans la contemplation de la Sainte Face, dont l’image se répand à cette époque (LT 87 : « Regarde Jésus dans sa Face, là tu verras comme il nous aime… »).

Ainsi, pour Thérèse, tout se concentre dans le fait d’aimer Jésus et de le faire aimer. Sa vie se passe en présence du Christ, comme en un continuel échange de regards… Enfant, elle avait pris la résolution, en contemplant un coucher de soleil, « de ne jamais éloigner mon âme du regard de Jésus » (Ms A, 22 r°)

Elle demeure ainsi, même dans la nuit de l’épreuve et des souffrances, les yeux fixés sur Jésus, jusqu’à le suivre dans sa Passion pour toute l’humanité. Car cette prière silencieuse, de longue intimité avec Lui, est profondément missionnaire. Son regard de chaque instant sur la Personne du Jésus est habité par un grand désir : travailler au salut des âmes, en cette fin de XIXème siècle marquée par le développement de l’athéisme.

Texte : Manuscrit C 36 r°-v°
Voix et musique : Carmel de Surieu

Thérèse nous parle de sa prière comme course derrière Jésus en entrainant le monde derrière elle.

Très sensible au grand « Livre de la nature », Thérèse multipliera dans son enfance des expériences ayant valeur de paraboles. Ainsi pour la prière : aux Buissonnets, Thérèse avait adopté deux petits oiseaux : un serin « qui chantait à ravir » et un linot, qui voulut imiter le chant de son compagnon. Au bout d’un certain temps, le chant de ce petit linot fut « absolument le même que celui du serin » (Ms A 52 r°) !

La prière, « élan du cœur, simple regard jeté vers le Ciel », est pour elle désir de ressemblance, d’appartenance à Celui qu’elle aime.

Des années plus tard, quand sa Sœur Marie du Sacré-Cœur lui demandera d’écrire sur sa vie d’oraison, Thérèse reviendra avec simplicité et profondeur à cette image du « petit oiseau » (cf. Manuscrit B). C’est toute la « Petite Voie » de confiance et d’abandon qui est dépeinte à travers ce symbole du petit oiseau trop faible pour pouvoir voler : il s’agit pour lui de « rester à fixer son Divin Soleil », quand bien même survient le brouillard, ou la tempête…

Demeurer, même dans la nuit de la Foi, dans cette présence amoureuse, toujours tournée vers l’Autre, vers les autres… En vraie fille de Sainte Thérèse d’Avila, qui réforma le Carmel au XVIème siècle, pour répondre aux urgences d’un « monde en feu », Thérèse sait que la prière est profondément missionnaire. L’oraison est le levier capable de « soulever le monde », à partir d’un unique point d’appui : Dieu – et Dieu seul…

Texte de Thérèse : Manuscrit C 2v°- 3r°
Musique et voix : Carmel de Surieu

Thérèse redit l’essentiel de sa doctrine de sa petite voie : les grands désirs, la faiblesse et la confiance absolue en Jésus.

« C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour… » écrit Thérèse vers la fin de sa vie (LT 197).
Cette phrase écrite derrière les murs d’un Carmel fera le tour du monde et rejoindra les multitudes…De fait, la doctrine spirituelle de Thérèse, sa « Petite Voie », a révolutionné le concept de la sainteté dans un contexte très particulier : la foi de son temps est très influencée par des images de Dieu qui entretiennent la peur ; son époque est celle de grands changements de société (beaucoup de ses contemporains de détournent de l’Eglise). C’est en méditant à la fois les Ecritures (Isaïe 66), l’esprit ouvert aux inventions de son temps que Thérèse pourra s’exclamer : « L’ascenseur qui doit m’élever jusqu’au Ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ! » (Ms C r°). Elle comprend que la sainteté consiste à tout offrir à Jésus, se remettre avec Lui entre les mains du Père, dans un « audacieux abandon ». La force de Thérèse, c’est de ne pas avoir peur de sa faiblesse. Elle écrit à Céline : « Plus tu seras pauvre, plus Jésus t’aimera. » (LT 211). Son message puise au cœur de l’Evangile : Jésus par toute sa vie a révélé Dieu comme un Père plein de Tendresse, ému aux entrailles par la misère sous toutes ses formes.  Dans le contexte de son époque, Thérèse chercha quelqu’un d’autorisé qui la conforte dans ses intuitions. Elle fut comprise « d’une façon merveilleuse » par le P. Alexis Prou, dont elle écrira, avec beaucoup de reconnaissance : « il me lança sur les flots de la confiance et de l’amour » (Ms A 80 v°).

Extrait de la pièce de théâtre Histoire d’une Ame, écrite et mise en scène par Michel Pascal et interprétée par Eva Hernandez..
Musique : Erik Satie, Gymnopédie 3

Thérèse a fait entrer toute sa vie dans un grand mouvement d’amour. Elle nous apprend à faire chaque chose par amour et à lutter pour aimer ses sœurs, vivre la charité au quotidien.

Le 9 juin 1895, Thérèse écrit son Acte d’Offrande à l’amour miséricordieux. Elle désire que tout son être devienne réceptacle de l’amour de Dieu, afin, toujours, que le monde soit transformé. L’amour est Miséricorde, il purifie, renouvelle, il transforme, il libère. S’offrir à la Miséricorde c’est d’abord exprimer le désir d’être libre et telle que Dieu nous veut.

En 1896, elle va plus loin encore en écrivant le Manuscrit B. Elle sent sa « pauvre petite âme » habitée par des désirs immenses, qui semblent déborder son être… « Être ton épouse, ô Jésus, être par mon union avec toi, la mère des âmes devrait me suffire… [ …] cependant je sens en moi la vocation de prêtre… j’ai la vocation d’être apôtre… je voudrais être missionnaire… depuis la création du monde jusqu’à la consommation des siècles… je voudrais verser mon sang pour toi… Comment réaliser les désirs de ma pauvre petite âme ? » (Ms B, 3r°). Elle découvre alors, en lisant St Paul, que l’amour est la clé ! « J’ai compris que l’amour renfermait toutes les Vocations, que l’amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux. En un mot, qu’il est Eternel !… Alors je me suis écriée… Ma vocation enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour ! … » Thérèse a été saisie par le mystère de l’Eglise – Corps du Christ. Elle a trouvé enfin sa place : « dans le cœur de l’Eglise, je serai l’Amour… ainsi je serai tout… ainsi mon rêve sera réalisé !!!… »

Texte : Manuscrit C 6r°- 7v°
Voix et musique : Carmel de Surieu
Thérèse y exprime sa « nuit du néant » dans laquelle elle vécu personnellement l’athéisme. Celle-ci durera jusqu’à sa mort.

Comme le montre sa grande dévotion pour Jeanne d’Arc, Thérèse a le gout du combat… Ainsi elle écrit : « Je mourrai les Armes à la main » (PN 48).

Ses armes ? Ce sont ses vœux de pauvreté, chasteté et obéissance. Elle ne les lâchera jamais. Jusqu’à la mort, elle veut aimer, prier, être fidèle mais elle sait que c’est un combat de tous les instants. Thérèse écrira pourtant dans son acte d’offrande : « Je paraîtrai devant Vous les mains vides », consciente que c’est Jésus seul qui combat en elle… et que ces armes ont pour principale force de dépouiller celle qui les porte, le dépouiller jusqu’à ce que Dieu puisse aimer en elle.

Ses lieux de combat ? Les trois vertus théologales. La charité vécue au quotidien ; la foi et l’espérance en l’amour transformant de Dieu malgré la sécheresse de sa prière et sa faiblesse. A Pâques 1896 Thérèse entre soudainement dans une terrible épreuve : elle, dont la voie est toute de confiance et d’amour se sent submergée par un terrible sentiment… Le Ciel semble être fermé pour elle… Cela durera jusqu’à la fin de sa vie.

Pourquoi combattre ? Pour sauver des âmes, pour que l’amour transforme le monde. Voilà la seule motivation de Thérèse. Par amour de Jésus, elle entre dans Son combat. Pour faire triompher l’amour, elle sait qu’il lui faut être « un vaillant guerrier »… un vaillant guerrier au « cœur d’enfant » (PN 36).

Texte : Prière 6
Voix : Carmel de Surieu
Musique : Carmel de Luçon – cithare

Je ne me repens pas
de m’être livrée à l’Amour.
Oh ! non, je ne m’en repens pas,
au contraire !

La dernière année de la vie de Thérèse est une descente de plus en plus profonde dans l’humilité. La maladie et la nuit de la foi progressent. Les Derniers entretiens (écrits par ses Sœurs) sont l’écho émouvant de ses ultimes semaines de combat.  Le 30 septembre, Thérèse s’éteint entourée de l’affection de ses sœurs mais dans l’anonymat complet… Personne n’aurait pu imaginer la suite… Il est coutume d’envoyer à tous les carmels, la « circulaire » d’une sœur décédée. Pour Thérèse, ce sont ses Manuscrits qui seront diffusés… et rapidement, on en redemande, et toujours plus ! Les gens commencent à affluer et les miracles aussi…

Toutes ses espérances seront comblées :

  • elle voulait être sainte, elle est « la plus grande sainte des temps modernes » (Pie X).
  • elle se sentait une vocation de missionnaire sur tous les continents, elle sera proclamée patronne des missions et des missionnaires, et fera le tour du monde, déplaçant les foules.
  • elle aimait tant Jeanne d’Arc, elle la rejoindra comme patronne secondaire de la France.
  • elle pressentait la nouveauté de sa « Petite Voie », en 1997, Jean Paul II la proclame Docteur de l’Eglise !

Thérèse passe son ciel sur la terre, « semant la paix, la joie dans tous les cœurs » (PN 17), guérissant, convertissant. Son message proclame que Dieu comble tous les désirs et que la confiance est une voie sûre, qui surpasse nos attentes.